L’orgue

L’orgue Garnier du temple Saint-Jean à Belfort

En 1879, deux ans après l’inauguration du temple Saint-Jean de Belfort, Charles Wetzel de Strasbourg y installait un petit orgue à un clavier et pédalier et à traction mécanique.

En 1934, Georges Schwenkedel de Strasbourg le remplaça par un orgue de 23 registres sur 2 claviers et pédale, traction pneumatique, combinaisons de registration diverses, boîte expressive et pédale de crescendo.

En 1978, lors d’un office particulièrement émouvant, on s’aperçut à l’audition des pièces d’orgue que manifestement cet instrument, après avoir été de nombreuses années au fidèle service du culte, ne pouvait plus répondre aux exigences musicales les plus élémentaires. L’association « Orgue Saint-Jean » fut créée en 1979, se donnant pour objectif ambitieux et un peu utopique, de remplacer l’orgue à bout de souffle par un orgue polyphonique de grande qualité, qui serait instrument par excellence du culte luthérien et complément idéal des autres orgues installées à Belfort.

L’association regroupait, autour de Jean-Charles Ablitzer, organiste de la cathédrale Saint-Christophe et initiateur du projet, et de Marc Garnier, facteur d’orgues à Morteau, des amis mélomanes et des musiciens professionnels, mais aussi des paroissiens enthousiastes et passionnés : Pierre Gantner, le pasteur Dieny alors en poste dans la paroisse, Bernard Badet, Suzy Ziegler, François Mieg et d’autres… La Commission de la Musique du Ministère des Affaires Culturelles donnait un avis favorable à l’attribution d’une subvention d’État, et le plan de financement définitif fut mis au point en étroite liaison avec la Ville de Belfort et le Conseil général du Territoire de Belfort, tous deux forts sensibles à l’intérêt du projet.  « À une époque qui flatte plutôt la réalisation individuelle, il faut se féliciter de la capacité de mobilisation du public et des collectivités de notre région autour d’une création artistique durable » se réjouit Bernard Badet, président de l’association. Il n’aura fallu que 5 ans sous son impulsion pour tenir ce pari de façon exemplaire.

En décembre 1984, l’inauguration officielle de l’orgue Garnier marquait son entrée dans la vie culturelle de Belfort et sa région.

Originalité de cet orgue

Il s’agissait de reconstituer un instrument typique des lieux de culte luthériens des XVIIème et XVIIIème siècles, tant propre à conduire et stimuler une assemblée nombreuse, qu’à faire rayonner les œuvres d’un Scheidt, d’un Buxtehude, ou d’un Jean-Sébastien Bach. Son esthétique sonore et visuelle s’inspire des instruments du Nord de l’Allemagne au XVIIe siècle.

L’orgue est construit sur trois plans sonores. Il comporte 24 jeux répartis sur grand orgue, un positif de dos et une pédale, laquelle est située dans deux tourelles latérales à l’image des instruments nordiques. Tous les tuyaux sont réalisés en métal à fort pourcentage de plomb. L’orgue est doté d’un tremblant et d’un Zimbelstern (carillon de 8 clochettes). Les sommiers sont d’une construction particulière, selon une technique employée aux XVIe et XVIIe siècles. Ils sont dits « à ressorts ». Le diapason est au la = 467 Hz. Le tempérament choisi est de type mésotonique modifié à deux tierces pures. Ce système d’accord permet l’emploi de nombreuses tonalités, tout en assurant une couleur caractéristique. L’ensemble est alimenté par deux soufflets cunéiformes.

La décoration du buffet est réalisée également dans le style nord allemand, utilisant une belle polychromie. Il est orné de faux marbres (brêche violette pour les panneaux et claires-voies, gris veiné pour les encadrements de panneaux, rouge royal pour les couronnements et les corniches, sainte-Anne pour les colonnes) l’ensemble rehaussé de filets dorés.

24 registres sur 2 claviers et pédalier, mécanique suspendue, plans sonores séparés, buffet décoré en faux marbre, harmonisation typique d’Allemagne du Nord : tout dans cet orgue vise à une reconstitution des moyens, grâce auxquels la musique spirituelle pouvait s’épanouir à l’époque, et aussi renaître à la nôtre.

Cet orgue prend sa place comme maillon essentiel de la vie musicale de Belfort et de sa région, en complément de l’orgue de style français Waltrin-Callinet-Schwenkedel (1750-1848-1971) de la cathédrale Saint-Christophe, de l’orgue construit en 1981 par Gérald Guillemin dans l’église Sainte-Odile, dans une esthétique baroque italienne, et si l’on élargit, de l’orgue de type espagnol en construction à Grandvillars, de l’orgue flamand de Beurnevézin, de celui saxon (Silbermann) de Porrentruy, de celui d’école alsacienne de Sainte-Ursanne et de celui de l’école d’Allemagne du Sud de Bellelay.

Grâce aux efforts de l’association AMO ainsi qu’aux Amis de l’Orgue et de la Musique de Belfort, l’orgue du temple Saint-Jean a vu passer de nombreux musiciens réputés, tels Gustav Leonhardt ou Harald Vogel, parmi bien d’autres…

Données techniques

ORGUE données techniques

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