Voyage œcuménique sur les traces de Luther et Bach – 07/2018

Du 9 au 13 juillet 2018

Wittenberg – Eisleben – Eisenach – Schmalkalden – Erfurt

 

Ce voyage a été initié lors du voyage œcuménique à Rome en septembre 2016, comme un pan complémentaire de ce premier voyage, permettant de découvrir plus avant les lieux et l’action de Luther autour des célébrations œcuméniques de l’apport des 500 ans de la Réforme luthérienne en 2017.

 Martin LUTHER                                                                                 Jean-Sébastien BACH

 

Un témoignage de participants :

Nous avons vécu, en tant que couple catholique, ces 5 jours comme un signe à relire, comme une invitation à cheminer.

Le groupe de 38 personnes est constitué de personnes bien concernées par l’œcuménisme : couples mixtes, membres de groupes bibliques, personnes ayant déjà effectué le voyage œcuménique à Rome, membres de la commission œcuménique. Tous désirent se rendre sur les lieux historiques de la vie de Luther et de Bach.

Le programme est bien dense entre temps de visite et temps de prière. Ce n’est donc à un simple voyage historique que nous sommes invités mais à une démarche spirituelle dans le cadre de la commémoration commune luthéro-catholique de la Réforme : « Viens, Saint Esprit, Dieu créateur, mettre en tout homme un nouveau cœur ; Tu veux de nous, si différents, former un seul peuple saint ».

Voici quelques découvertes ou confirmations en relecture de ce voyage.

La volonté de chaque prince de vouloir une université de haut niveau pour une formation théologique de qualité afin de s’inscrire dans la réflexion théologique du moment.

Le mardi nos visites commencent par la ville de WITTENBERG. Ici se trouve l’Université dans laquelle Luther fut appelé pour y enseigner. Sur la porte de la chapelle de la Toussaint, on dit que le 31 octobre 1517 il aurait placardé ses 95 thèses. Moment d’émotion devant ce lieu historique vu simplement en photos auparavant.

L’importance de la découverte de l’imprimerie dans la diffusion des thèses de Luther.

Avant Luther, Jean Huss, théologien, universitaire et réformateur religieux tchèque des XIVe et XVe s’est aussi interrogé sur les conséquences pratiques de l’obéissance au Christ et avait prêché le retour à une Église apostolique, spirituelle et pauvre. Bien que ses propos aient trouvé un écho favorable dans la noblesse, la diffusion et la rapidité de l’information de son époque n’avaient pas permis une diffusion rapide de ses thèses. Pour Luther, ces 95 Thèses de Wittemberg, sont imprimées à la fin de l’année. Dès lors, cette controverse entre théologiens (donc universitaires) devient une affaire publique et politique.

Une liturgie dans laquelle une place nouvelle dans la célébration est donnée à la musique en accompagnement des textes et la volonté de Luther de permettre l’accès et la compréhension des textes bibliques dans la langue parlée par le peuple.

Durant la visite de l’église Ste Marie de Wittemberg, nous sommes là à la fondation du protestantisme du point de vue de la pratique liturgique puisque c’est dans cette église que Luther a donné pour la première fois la communion sous les deux espèces et qu’il a prêché en allemand. C’est le début de la messe luthérienne.

Dans cette ville où Cranach a vécu, nous découvrons le grand retable qu’il a réalisé. Pour Luther, il faut laisser les images pour expliquer l’Evangile car, à cette époque, 80% des personnes ne savent pas lire.

La volonté de Luther d’inscrire ce débat pour une pratique ecclésiale en conformité avec la Bible et non pas la volonté de créer une nouvelle Eglise séparée de l’Eglise catholique romaine.

Après la visite de la maison natale de Luther à LUTHERSTADT-EISLEBEN, nous célébrons l’Eucharistie dans l’Eglise protestante St Pierre et Paul d’EISLEBEN, dans laquelle Luther fut baptisé. Eglise laissée à l’abandon par le régime communiste de la RDA et reconstruite après la chute du mur de Berlin.

Célébrer l’Eucharistie présidée par le Père Evêque avec une prédication du pasteur Éric Demange dans l’église du baptême de Luther est un magnifique acte qui montre bien le travail de correction de nos mémoires réciproques face à l’histoire et replace très clairement cette volonté de Luther de nourrir le débat de la pratique liturgique pour que le peuple de Dieu célèbre ensemble. Je mesure ainsi tout ce que le concile Vatican 2 doit à Luther et tous les pas que le travail œcuménique a depuis permis de faire.

Une découverte de l’importance de Bach dans la place du chant liturgique de nos églises

Le troisième jour, trois temps nous ont permis de mieux percevoir la place de la musique de Bach dans la liturgie protestante luthérienne. Dans la ville impériale de Mulhausen, centre géographique de l’Allemagne réunifiée, nous avons assisté à un concert d’orgue par François Verry. Cet instrument respectait les prescriptions de conception d’un orgue données par Bach. A EISENACH, durant la visite de la maison de J.S Bach, un mini concert sur différents instruments d’époque avec lesquels Bach a composé, nous a donné une idée des sonorités d’époque. En soirée, une nouvelle présentation de Bach par Éric Demange et un temps de prière musical animé par François avec des explications données par Béatrice sur la place du chant dans la liturgie protestante complétaient cette découverte.

L’œcuménisme et l’art sacré sont aussi l’œuvre d’initiatives individuelles risqués et prophétiques

Le midi nous sommes accueillis à l’abbaye de Volkenroda, ancienne abbaye cistercienne, située en Thuringe construite au XIIe siècle, restaurée et occupée depuis 1994 par la Jesus-Bruderschaft (« Fraternité de Jésus »), une communauté oecuménique d’origine luthérienne. Une vie communautaire oecuménique y est vécue.

Lors de l’Exposition universelle de 2000, à Hanovre, un pavillon chrétien oecuménique est construit, le Christus-Pavillon. À la fin de l’exposition, il est démonté et reconstruit dans ce monastère de Volkenroda et sert de lieu de célébration. Ce lieu m’a montré que, dans l’art sacré, la concertation oecuménique peut donner de bien belles oeuvres.

L’importance et la vivacité du débat théologique durant le 16ième siècle et, dans le débat théologique, l’importance de la recherche sur le salut et, en particulier, le cheminement spirituel et théologique de Luther

Ce quatrième jour fut consacré à la visite de différents lieux où Luther vécut. A SCHMALKALDEN, visite de l’église et de l’hôtel de ville où le prince séculier de Saxe a demandé à Luther de rédiger les articles de Schmalkalden pour la Ligue.

La visite à Erfurt du couvent des Augustins où Luther est entré le 17 juillet 1505. Cette décision fait suite à un orage où la foudre frappa près de lui Alors il aurait fait le voeu « Sainte Anne, sauve-moi et je me ferai moine ! », Martin essaie de rechercher dans l’ascèse la promesse de son salut tout en restant persuadé qu’il n’y parviendra jamais. Préoccupé par la question du salut, face à l’angoisse de la mort, il découvre la force libératrice de la foi en Jésus reçue à travers la Bible dans l’épître de Paul aux Romains. Ainsi selon Luther, le salut de l’âme est un libre don de Dieu, reçu par la repentance sincère et la foi authentique en Jésus-Christ,

La dernière soirée, la célébration de la Sainte Cène donnera une dernière dimension oecuménique à ce voyage.

Quatre jours sur place sur les pas de Luther avec des personnes désirant vivre l’oecuménisme concrètement est une belle expérience ecclésiale que nous n’avions jamais soupçonnée aussi riche. Nous sommes partis à la grâce de Dieu, nous rentrons riche de ce vécu oecuménique à partager pour qu’un jour l’unité puisse se vivre pleinement.

« Loué sois-tu, O Saint Esprit, qui nous révèle Jésus-Christ, et nous unit au Tout-Puissant ; Loué soit Dieu en tout temps. »

Elisabeth et Philippe Tinguely

 

 

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